Les premiers pas du pêcheur à la mouche 

par Olivier Degeorge et Roger de Henau

"Quelques mots pour toi qui débutes la pêche à la mouche..."

Mes félicitations tout d’abord, avec un peu de persévérance tu vas découvrir un sport magnifique, tu t’émerveilleras devant des éclosions d’éphémères ou de grannums, tu tromperas ombres et truites... et rentreras le coeur léger au bercail. La pêche à la mouche est un Art, il te faudra apprendre à lancer, t’habituer aux différentes techniques de pêche, et reconnaître les insectes de nos cours d’eau. Peut-être apprendras-tu même le montage des mouches artificielles... La pêche sera devenu pour toi une passion...

Tu trouveras ici quelques conseils, basés sur 10 années de pratique assidue. Tu es libre de les suivre, ou non. La pêche est un espace de liberté et de bonheur, et doit le rester. Tu t’y retrouveras seul avec tes joies et tes problèmes, et peut-être les quelques tuyaux de cet article.

Trouver un professeur, un conseiller

J’aime pourtant bien les autodidactes. Tu pourrais sans doute apprendre seul à pêcher à la mouche, en consultant revues et bouquins, et affinant ton lancer durant des sorties de pêche. Malheureusement, tes lancers ne seront pas au point lorsque les truites seront de sortie, les arbres ne seront jamais au bon endroit et tu attraperas vite de très vilains défauts de style et de technique. Il te faudra bien du temps et de l’énergie pour intégrer ses défauts (dont tu ne te débarrasseras sans doute pas) dans ton lancer.

Rien ne remplace les conseils prodigués par un ami pêcheur. Après quelques leçons, tu auras assimilé les bases du mouvement et ces mille petits trucs qui te seront tellement utiles dans ta vie de moucheur.

Les clubs mouche sont nombreux, en Belgique, en France ou ailleurs... Les halieutistes les connaissent bien et se feront un plaisir de te les renseigner.

Les techniques de pêche à la mouche

Ces techniques sont reprises en détail dans les autres articles de ce site, je me limiterai donc à une description très générale, utile à la compréhension de ce qui suit.

La pêche à la mouche noyée

Cette pêche de début de saison (mars-avril) peut être pratiquée toute l’année. Il faut noter que les poissons se nourrissent principalement sous la surface, il y a les alevins, les différentes larves d’insectes mais aussi toutes sortes de nourriture immergée. Le pêcheur en noyée va, au moyen de mouches relativement grosses (souvent plombées), imiter tout cela. Il pêche avec un train de mouches (bas de ligne sur lequel sont fixées 3 mouches), qu’il laisse dériver au gré du courant. Le pêcheur ne voit pas le poisson, il doit prospecter tous les postes à truites et ferre à tout mouvement suspect de la soie ou du bas de ligne.

La pêche à la mouche sèche

Le temps se réchauffe quelque peu, les premières éclosions apparaissent. Les larves d’insectes qui ont grandi pendant plusieurs mois ou années dans la rivière, se transforment progressivement, et un jour vont crever la surface de la rivière pour s’envoler et vivre quelques jours, parfois quelques mois au gré des airs et de l’amour. C’est durant cette métamorphose de la larve en insecte et durant la ponte, que les insectes seront vulnérables en surface et en proie à la convoitise des poissons. Le pêcheur en sèche va imiter ces insectes dérivant en surface, au moyen de mouches très légères. Rien n’est plus beau que de voir un poisson cueillir une mouche en surface, surtout si c’est la tienne.

La pêche à la nymphe à l’indicateur

Les pêches à la nymphe reprennent le même principe que la pêche en noyée. On essaye d’imiter les larves d’insectes durant leur vie aquatique. Seule, l’action de pêche est différente. La pêche en noyée se pratique vers l’aval. La soie est toujours tendue par le courant, la prise d’une des mouches est vite remarquée. La nymphe se pratique vers l’amont, de ce fait, les mouches vont avoir une dérive bien plus naturelle mais le poisson aura vite fait d’avaler et de recracher la mouche avant que le pêcheur néophyte ou distrait n’ait eu le temps de ferrer. Pour remédier à cela, il est possible de fixer sur le bas de ligne à 1 mètre de la mouche, un indicateur (qui peut être une pastille synthétique bien flottante, un bout de nylon fluo ou une grosse mouche sèche). On va prospecter ainsi les différents postes, et à toute immersion de l’indicateur, on ferre...

La pêche à la nymphe à vue

Une autre possibilité est de voir le poisson... Si on voit le poisson, plus besoin d’indicateur, on le regarde dans les yeux, si il ouvre la bouche et sourit ou se déplace au moment du passage de la mouche, c’est qu’il l’a prise et on ferre... C’est une pêche qui demande une excellente vue, des eaux transparentes, une approche discrète. Elle se pratique principalement sur les ombres, chevesnes, barbeaux...les truites étant généralement farouches et difficile à approcher.

La pêche en réservoir

Un réservoir est une pièce d’eau, un lac, un étang. On peut pratiquer en sèche, en noyée (il faudra dans ce cas ramener les mouches, puisqu’il n’y a pas de courant) ou au streamer. Cette pêche est fort similaire à la pêche en noyée, avec des mouches bien plus grandes, bariolées et senér imiter des alevins.

La pêche du brochet au streamer

C’est une pêche au streamer, avec des mouches encore plus grandes...et oui, grand gousier ne se déplacera pas pour un chétif alevin.

Le matériel pour pêcher à la mouche

Que dois-je acheter pour pouvoir arpenter les rivières et prendre du poisson à la mouche. C’est probablement la première question que tu vas te poser.

Je conseille d’avoir le minimum nécessaire (je n’aime pas m’encombrer) mais absolument tout ce qui est nécessaire (rien n’est plus désagréable que de se rendre compte qu’il manque quelque chose).

Mon matériel est regroupé en trois parties :

L’important est d’avoir tout, toujours prêt et facilement transportable. Que tout l’équipement soit toujours rangé de la même manière, avec un minimum d’éléments à préparer au petit matin. Cela évite de fâcheux oublis...qui amusent lorsqu’on est en groupe, mais qui te gâcheraient une partie de pêche solitaire !!!

La canne

Indispensable ! Ta première canne à mouche ne sera probablement pas la dernière. Comme débutant, tu te laisseras conseiller par le négociant d’articles de pêche ou par un ami pêcheur. Le prix influencera ton choix. On fait de très bonnes cannes en carbone à des prix très abordables, prends une canne pas trop onéreuse pour débuter. Il est bien plus malin de se réserver cette petite folie pour le jour où tu seras en mesure de juger du type de canne que tu apprécies vraiment. Il existe des cannes rapides avec une action de pointe, d’autres avec des actions plus moelleuses ou paraboliques, et des petits bijoux en bambou refendu.

J’aime bien les cannes à action de pointe, elles conviennent bien à mon type de pêche un peu aventure, sur des rivières pas trop larges, où il faut pouvoir lancer en dessous des frondaisons... Si tu préfères les rivières plus larges et moins encombrées, une action parabolique pourrait se montrer agréable.

Le moulinet

Il sert à conserver la soie et c’est tout. Prends celui qui convient le mieux à ton budget. Seul le poids du moulinet doit être pris en considération, il devra équilibrer ta canne c-à-d que monté sur ta canne, le centre d’équilibre (le centre de gravité) se trouve au niveau du haut de la poignée.

Si tu aimes comme moi les beaux objets, solides et durables, les moulinets Hardy sont un bon choix. Mais il en existe aussi en matériaux composites, légers et fonctionnels pour peu d’argent. Attention aux moulinets automatiques généralement très lourds.

La soie

Le choix de la soie est très important !!! Une soie est bien plus que le simple lien entre la canne et le poisson. C’est elle qui va rendre possible le lancer d’un objet sans poids à des distances honorables. La soie doit être adaptée à la technique de pêche et à la canne. Il est quasi impossible de lancer avec une soie pas adaptée à la canne et surtout pour un débutant.

Il est compréhensible que tu sois perdu devant la grande variété de soies. Il te faudra choisir son poids, sa taille et son profil.

Les soies flottantes (F - Floating) sont adaptées à la sèche et à la nymphe, les soies plongeantes (S - Sinking) pour la noyée et la pêche au streamer, les intermédiaires (I - Intermediate) peuvent convenir aux différentes techniques.

Différents profils sont disponibles. Les soies réversibles (DT - Double Taper) présentent l’avantage d’avoir le même profil aux deux bouts et donc elles peuvent être retournées lorsqu’elles sont trop usées, ces soies permettent également une présentation délicate des mouches. Les soies décentrées (WF - Weight Forward Taper) permettent d’obtenir des lancers longs avec un moindre effort. Les soies courtes (ST - Shooting Head) seront surtout utilisées en réservoir, où il faut arriver très rapidement et régulièrement à des longues distances.

Si tu dois choisir UNE soie, je te conseillerai une soie flottante qui permet la pratique de tous les types de pêche. Une soie DT est plus économique. Il ne te reste plus qu’à trouver la taille de la soie qui est adaptée à ta canne. Généralement, ce numéro est indiqué sur la canne. Si tu as le choix entre deux numéros, prends de préférence une soie plus lourd et donc avec le numéro le plus grand.

Le bas de ligne

 

 

 

 

 

 

Le bas de ligne doit permette une transition progressive entre la soie et la mouche. La soie a un diamètre relativement important et un certain poids, il va falloir commencer le bas de ligne avec un nylon de 50 centièmes (au minimum) et décroître progressivement son diamètre pour terminer sur une pointe de 18, 14 ou 10 centième en fonction du type de pêche.

Les formules de bas de ligne De nombreuses formules de bas de ligne existent, une formule classique et honnête pour le débutant moucheur consiste à diminuer la longueur des brins en fonction du diamètre de ceux-ci, soit :

---Diamètre----

---Longueur---

50 centièmes 50 cm
40 centièmes 40 cm
35 centièmes 35 cm
30 centièmes 30 cm
25 centièmes 25 cm

Et de finir par deux brins de longueur croissante afin de permettre un poser léger des mouches :

30 cm de 20 centièmes 50 cm de 14 centièmes

D’autres formules comprennent un première décroissance, un nombre de brins de même longueur et une pointe longue. Il en existe même qui conseille des brins de longueur croissante. Le tout sera de tester son bas de ligne, et de prendre le temps pour faire des essais jusqu’à trouver le montage idéal. Un bas de ligne doit être adapté à la canne (longueur et rigidité), le style de lancer, les conditions atmosphériques et la rivière que tu pêches.

Utilise pour commencer un bas de ligne pas trop long, juste un peu plus long (50 cm) que la taille de la canne. Ce bas de ligne sera d’autant plus court que tu pêcheras dans des rivières encombrées. Si le temps est venteux, le bas de ligne devra être plus court et plus dégressif.

Un dernier petit conseil, si durant la partie de pêche, tu fais des noeuds sur un des brins du bas de ligne, sois impitoyable et remplace-le immédiatement.

Les noeuds

Les différents brins sont reliés par une série de noeuds.

Les ligatures

La ligature entre la soie et le bas de ligne doit avant tout être discrète pour ne pas effrayer le poisson, passer facilement dans les anneaux de la canne et permettre de changer facilement le bas de ligne.

On peut répondre à ces différentes exigences de différentes manières :

a) ligature directe du bas de ligne sur la soie.

Le nylon de gros diamètre du bas de ligne est ligaturé à la soie au moyen d’un simple noeud. C’est le système que je préfère, il est de loin le plus simple et le plus discret. Il n’y a pas de boucle, pas de partie rigide, le bas de ligne est vraiment la continuation de la soie. On peut encore améliorer le montage en passant le nylon directement au travers la soie (pénétrer avec une aiguille environ 2-3 mm dans la soie et passer le nylon).

La seule difficulté avec ce type de montage est la stratégie de changement de bas de ligne. Les autres solutions décrites plus avant permettent de changer un bas de ligne en passant la boucle du bas de ligne dans une boucle fixée à la soie. Ici, pas de boucle, et donc pour changer de bas de ligne, il faudra refaire un noeud baril (ou un autre) avec le nylon fixé à la soie. On peut prévoir l’utilisation de différents types de bas de ligne, ceux-ci au départ 40 centièmes, que tu fixeras directement au 50 centième fixé en permanence à la soie. J’utilise le même bas de ligne quasiment toute l’année et ne modifie que régulièrement la pointe. Il est rare que je touche aux gros diamètres de nylon.

b) La boucle

Cette solution consiste en une boucle de nylon que l’on ligature directement sur la soie. Ce montage permet un changement facile de la ligne, le bas de ligne est également terminé par une boucle et il suffit donc de passer une boucle dans l’autre pour lier bas de ligne et soie.

Ce n'est pas la solution que je préfère, ce montage présente en effet deux noeuds: celui de la boucle du bas de ligne et celui sur la soie (qui est énorme). Ce petit assemblage ne passera pas facilement par l'anneau de pointe lorsque vous ramènerez la truite de votre vie, et puis cela fait beaucoup de boucles.

c) La chaussette

On peut trouver dans le commerce une espèce de chaussette de nylon tressé, celle-ci doit être passée autour de la soie et soudée avec une goutte de cyanolite. Ce montage présente les même avantages et inconvénients que le précédent. La rigidité de la chaussette avec la soie est également une discontinuité entre la soie et le bas de ligne.

Les mouches

Quelles mouches te conseiller ? Combien de mouches dois-tu avoir dans ta boîte ? J’ai des milliers de mouches différentes dans mes boîtes, mais je t’avouerais que je pêche presque toujours avec les mêmes... et pourrais sans doute me contenter d’une vingtaine de modèles (en différentes tailles)...

Les voici :

Pour la sèche... Une Panama
Une Universelle
Une
petite grise à corps jaune
Une petite rousse à corps rouge (montage avancé)
Un
Cul de Canard
Une
Oreille de Lièvre
Une
Coachman ou une Red Tag
Pour la nymphe.... Une nymphe casquée (avec une bille dorée)
Une Killer Bug
Une petite larve jaune
Pour la noyée... Une March Brown
Une Oreille de Liévre
Une grosse nymphe plombée verte
Une
grosse nymphe plombée orange
Un
petit streamer

Les autres accessoires

Te voilà prêt, tu tiens déjà la canne en main. Ton beau moulinet est garni d’une soie et d’un bas de ligne parfaitement adaptés à ta canne et à ton lancer.

Le reste de l’équipement devra tenir dans le gilet de pêche.

Tu y retrouveras :

J’allais oublier les cuissardes ou les waders. Je commencerais par acheter des cuissardes, qui sont suffisantes pour la majorité des rivières et conditions de chez nous. Les waders seront agréables lorsque tu voudras pêcher les grandes rivières et être vraiment intégré dans l’élément liquide.

Le lancer

Soyons objectifs. Si tu veux arriver à lancer ta mouche et à la lancer bien, il faut un professeur. Comme au golf ou au tennis, il est primordial de bien commencer et de ne pas prendre de mauvaises habitudes. Ce qui paraît simple le deviendra après un peu de pratique (pour les uns 6 mois, pour les autres 6 ans). Il y en a même qui, après 30 ans feraient bien de tout recommencer.

Ceci dit, le principe est simple. Prends une corde de 7 à 8m. de long, un peu grosse, tu l'étends bien droite derrière toi, tu en prends un bout et d'un mouvement sec du bras tu l'envoies devant toi. Cette corde va s'étaler devant toi plus ou moins droite. Tu recommences en déposant la corde en paquet derrière toi, tu refais le même mouvement du bras vers l'avant et rien ne s'étend. Tu viens de comprendre l'a.b.c. du lancer de la mouche. Il ne faut donc renvoyer la soie devant toi que quand elle est bien étendue à l'arrière et ne la renvoyer à l'arrière que quand elle est bien étendue devant toi. C'est ce qu'on appelle le timing, et il est très important. En effet, en fonction de la longueur de soie qui est sortie de la canne, il faudra lui laisser le temps de s'étendre à l'arrière et à l'avant. Le mouvement de la canne est rapide avec peu de soie sortie et de plus en plus lent au fur et à mesure de l'accroissement de la longueur de la soie. Si tu as bien compris ceci, c'est déjà un bon début et nous allons parler du mouvement de la canne. Je crois que la meilleure façon de l'expliquer est de faire correspondre les mouvements de la canne à une montre à aiguilles (évite les montres digitales!). Le mouvement avant c'est l'aiguille des heures, le mouvement arrière celui des minutes. En rase campagne, le mouvement idéal est en avant 10h., en arrière 10min. Ce mouvement qui paraît court, suffit amplement à balancer 15mètres de soie. Cela se complique un peu au bord de l'eau avec un talus derrière soi. Là, le mouvement arrière s'arrêtera à 12h. et de fait la soie au lieu de s'étendre derrière soi va surmonter le talus. Donc, ne jamais perdre de vue que l'endroit où s'arrête la pointe de la canne conditionne la hauteur de la soie par rapport au sol. Si la pointe de ta canne atteint les 15min. à l'arrière, tu toucheras inévitablement le gazon ou l'arbuste accueillant. Si ton lancer avant va jusque 9h., tu toucheras immanquablement l'eau en faisant fuir tous les poissons à 15m. à la ronde. Voilà donc deux grands principes à respecter absolument dans la majorité des cas. Tu transgresseras plus tard quand tu en auras l'âge.

LA BEAUTE, C'EST LE GESTE

Etre accoudé au parapet d'un pont, au-dessus d'une belle et grande rivière avec un splendide soleil couchant. En dessous de soi, un pêcheur à la mouche qui étend sa soie sans un geste inutile et qui dépose sa mouche avec la légèreté d'un pétale de rose qui se dépose sur l'eau est un spectacle auquel peu de personnes reste indifférent. Alors, de grâce, reste élégant.

Veille à ne pas utiliser ton épaule, c'est vilain, et n'est utile que dans deux cas : pour ne pas se mouiller le coude quand on est dans l'eau jusqu'aux aisselles et en lancer de compétition pour lequel tu n'es pas encore prêt. Ne travaille en fait que la main gauche qui garde continuellement la soie en main, soit pour la sortir du moulinet, soit pour la ramener quand cela est nécessaire. Et cette fameuse main droite, reliée chez tout être normal à l'avant-bras. C'est cet ensemble qui va conditionner l'allure de ton lancer. Le coude doit rester près du corps, il ne bouge pas ! Rien n'est plus laid qu'un coude qui se promène dans tous les sens, entraînant l'épaule, l'avant bras et la main en une gymnastique inutile, faisant plus penser aux moulins de Don Quichotte qu'un pêcheur à la mouche .

Les mouvements de l'avant bras conditionne le beau lancer : ni saccadé, ni mou, surtout pas brutal. Les cannes d'aujourd'hui lancent quasi toutes seules mais il faut les y aider intelligemment en mariant soigneusement la canne et la soie. Prend de préférence une soie plus lourde pour débuter, tu sentira mieux le travail que fait la canne pour t'aider.

Ceci dit, tu sais presque tout. Mais rien ne remplacera les conseils que pourrait te donner un bon lanceur qui te corrigera des défauts, qui inévitablement t'affecterons tôt ou tard, et crois en les vieilles mains, sont extrêmement difficiles à supprimer.

Le sens de l’eau et les postes

Où trouver le poisson ? Les truites et les ombres ont des habitudes bien différentes. La manière de pêcher et les postes seront différents en sèche, en noyée ou en nymphe.

En début de saison (de mars à juin), on pêche la truite... La pêche de l’ombre est fermée, et même si les beaux spécimens se laissent facilement prendre en début de saison, je ne trouve pas fair-play de s’attaquer à des poissons qui frayent !!! Avec des rivières hautes, tu chercheras les truites dans les bords et les parties de rivière plus calmes. Lorsque les rivières reprendront un niveau normal, tu pourras aussi prospecter les bordures de courant, les remous derrière les pierres, les gravières... Si tu pêches en sèche, les moucheronnages te guideront bien évidemment. Regarde toujours avec attention les bordures, les parties de rivière sous les frondaisons. Une belle truite se tient parfois dans très peu d’eau, juste contre le bord.

Plus tard dans la saison, tu pourras t’attaquer aux ombres, ils se seront regroupés dans les courants et les fins de courants et ne se laisseront pas toujours facilement prendre.

Gentleman pêcheur

Il fait beau, tu as eu le courage de te lever ce matin. Le soleil inonde la rivière et les premiers poissons commencent à bouger. Tu vas pêcher en sèche et remonter tranquillement ton petit secteur de rivière. Tu t’approches discrètement d’une jolie truite qui gobe en bordure de courant, et tu fais tes premiers lancers lorsque deux moucheurs surgissent derrière toi...Ils longent la rivière et commencent à fouetter 20 mètres en amont !!! Le charme est rompu, même si tu es très tolérant et vas capturer quelques beaux ombres sous leur nez... Tu aurais envie de crier, de les traiter de tous les noms de volatiles et de leur expliquer que ce n’est pourtant pas si difficile de remonter 200 ou 300 mètres sur un parcours désert...

Respecte les autres pêcheurs, ils te respecteront. Un pêcheur en noyée va généralement descendre la rivière tandis que celui en sèche ou en nymphe va la remonter. Si tu es deuxième, essaye de voir si l’autre pêcheur monte ou descend la rivière et en fonction de cela, tu essayeras de commencer à un endroit où tu le gêneras le moins possible. Pense également à son plaisir. La distance entre deux pêcheurs sera fonction du nombre de pêcheurs sur la rivière, de la taille de celle-ci et de l’activité des poissons. Lorsque les poissons seront de sortie et moucheronnent un peu partout, tu vas t’amuser sur une toute petite longueur de rivière.

Respecte aussi le poisson et ne ramène que le poisson nécessaire à ta propre consommation. De plus, n’est-il pas plus agréable de manger le poisson dans de bonnes conditions, au plus tard quelques jours après sa capture plutôt que de l’abandonner au congélateur ? Rien n’est plus triste que devoir jeter une petite truite de rivière, un ombre ne garde toute sa saveur que si il est mangé lors du repas qui suit sa capture.

Je pêche sans ardillon. Il est tellement plus agréable de décrocher facilement une petite (ou une grosse) truite ou un ombre. Je peux t’assurer que le taux de décrochage n’est pas beaucoup plus grand.

Repecte la nature et la rivière. Ne laisse jamais traîner une section de bas de ligne au bord de l’eau, et si tu le fais, prends soin de le couper en morceau inférieur à 4 cm. J’ai sauvé un jour une poule d’eau qui avait les pattes paralysées par un nylon...je n’étais pas très fier d’être pêcheur...

Décroche autan que possible (même si c’est difficile et te ferra perdre un peu de temps) toute mouche prise dans un arbre. Ce n’est pas pour le prix de la mouche, mais pour les volatiles qui aiment aussi les mouches. J’ai eu la chance de décrocher un petit oiseau qui avait été leurré par une mouche artificielle, il a aussi eu beaucoup de chance.

La pêche à la mouche, c’est génial

Maintenant, au travail. Trouve-toi un matériel sympa et prépare-le avec soin. Consacre un peu de temps pour améliorer ton lancer, quelques soirées au bord d’un étang ou sur une pelouse devraient suffire, et pars pêcher. Il y aura des jours de bredouille, des jours somptueux où la rivière bouillonne (même en Belgique), des coups et des poissons dont tu seras fier. Tu vas progressivement apprendre à apprécier la rivière, respecter les poissons, et peut-être rencontrer d’autres moucheurs qui deviendront tes amis. Et nous te retrouverons, tôt le matin ou tard le soir, en plein milieu de la rivière à fouetter...

!><))))'>   Bonne pêche   <'((((><!

 

 

photos Roger De Hénau